Avec l’annonce récente des Lumia 830 et 730, la nouvelle gamme Lumia est complète. Tentons d’en tirer des enseignements…
J’appelle la gamme actuelle la ‘saison 30’, en référence aux deux derniers chiffres des modèles de smartphones. Auparavant, il y avait eu la ‘saison 20’ en 2012-2013 (Lumia x20) et la ‘saison 10’ en 2011-2012 (Lumia x00 et x10).
Cet article fait partie d’une série. Vous pouvez consulter les autres épisodes, aussi sur Nokians : ‘le casting’, ‘le Lumia 530 va-t-il assez bas ?’, et ‘Voyagez mieux en classe Lumia !’.
Quels changements en un an ?
La concurrence s’est réveillée ! Il devient courant de trouver sur des appareils d’autres marques des fonctionnalités autrefois réservées aux Lumia de la gamme PureView (capteur super large, stabilisation optique, flash double LED, etc.). De plus, certains photophones concurrents proposent maintenant des améliorations vraiment utiles, que l’on ne retrouve pas (encore) sur les smartphones de Nokia/Microsoft. Une en particulier donne un « coup de vieux » à nos chers Lumia : l’autofocus par détection de phase. Cette nouvelle méthode de mise au point – nouvelle pour les smartphones, pas pour la photographie – permet d’accélérer le temps avant la prise de vue en pleine lumière (en faible luminosité, la méthode traditionnelle de détection de contraste d’impose). Là où un Lumia met presque une seconde pour mettre au point, un autofocus à détection de phase ne met que trois dixièmes de secondes. Les modèles proposant actuellement cette innovation sont coréens ou pommiers.
La concurrence a rattrapé son retard
Cette évolution des photophones tente de répondre au besoin croissant pour des prises de vue plus rapides. Microsoft n’est cependant pas en reste : la mise à jour Lumia Denim, qui arrivera d’ici décembre, permettra aux smartphones Nokia de la saison 30 de pouvoir atteindre une cadence elle aussi proche des trois images par seconde, grâce à une amélioration logicielle. Souhaitons que la réalité soit au niveau des promesses !
Les lois de la physique sont indépassables !
Ce qui fait un bon photophone (et un bon appareil photo d’ailleurs !) est un délicat équilibre entre le matériel et le logiciel : un mauvais traitement logiciel empêche de rendre à vos clichés toute la justice que peut laisser apparaître de belles spécifications techniques sur le papier. Mais l’inverse est aussi vrai : le meilleur traitement du monde ne permettra jamais à un matériel moyen de rivaliser avec le Lumia 1020, ni même le vénérable Nokia N8 (datant de 2010).
De plus, les choix de traitement logiciel répondent le plus souvent à une philosophie propre à chaque marque, ce qui rend l’évaluation de cette partie du photophone fortement subjective. Par exemple, le traitement d’image par un célèbre fabricant coréen a tendance à amplifier l’accentuation des détails et des couleurs au-delà du naturel ; Nokia a de son côté tendance à garder un aspect peu accentué et des couleurs plus proches de la réalité, quitte à donner un aspect légèrement moins chatoyant que la moyenne.
Le traitement d’image n’est pas suffisant pour compenser un mauvais matériel.
Par contre, l’analyse des caractéristiques physiques de l’appareil photo peuvent être comparées avec beaucoup plus d’objectivité. Ainsi on peut évaluer le potentiel de qualité d’un photophone, c’est-à-dire le meilleur qu’il puisse donner avec un très bon traitement d’image. Pour cela, il faut aller suffisamment loin dans l’analyse des caractéristiques physiques du boitier. Les éléments à prendre en compte sont, entre autres : la taille du capteur, la taille des pixels du capteur, le type de technologie d’assemblage du capteur, le nombre de lentilles dans l’objectif, la présence de lentille(s) en verre au lieu de plastique dans l’objectif, le design de l’objectif par un grand nom de la photo (comme Zeiss, par exemple), l’ouverture de l’objectif, la profondeur de champs réelle, la présence de stabilisation optique, le type d’autofocus, le type de flash, etc…
Qu’est-ce qu’un smartphone PureView ?
PureView se démocratise : faisant suite à une promesse faite par Nokia au moment de l’annonce du rachat, Microsoft Mobile tente de rendre ses innovations techniques de plus en plus bon marché : le Lumia 830 PureView est le premier smartphone de milieu de gamme sur le marché à proposer la stabilisation optique. De plus, il utilise un design de haute qualité de l’objectif en six lentilles (dont une en verre) qui était apparu sur le Lumia 925.
Par contre, le Lumia 830 n’a pas tous les avantages d’un PureView à la mode saison 20 : la très petite taille du capteur combinée à une taille de pixels très faible en font un appareil en équilibre entre les L9xx et la gamme L7xx, surtout au niveau de la performance en basse lumière. De plus, le Lumia 830 ne propose qu’un puissant flash simple LED (portée de 2m, à comparer avec les 3m du double flash des Lumia 9xx, et 1m pour le simple LED du Lumia 730). PureView certes, mais un cran en retrait en termes d’excellence par rapport au passé (sauf au niveau de la vitesse).
La fin du bouton déclencheur est un choix rationnel.
Mais le changement le plus flagrant entre les Lumia de la saison 20 et ceux de la saison 30 est la disparition du bouton de prise de vue pour les Lumia qui ne sont pas PureView. Ce changement est une rationalisation naturelle qui prend en compte la réalité des smartphones au-delà de l’écosystème Windows Phone : moins de 1% des smartphones sur le marché proposent une telle option. En réalité, seuls Sony et Nokia offrent un vrai bouton à double détente sur leurs photophones. Quand bien même il est légitime de regretter la perte de cette fonction unique liée aux premiers jours de Windows Phone (et au temps de Symbian), ce choix est tout à fait justifié et permet de proposer des smartphones abordables qui satisferont quand même la très grande majorité des futurs utilisateurs de Lumia.
Quels critères d’évaluation ?
Dans un article précédent, ‘Photographie : quel Nokia choisir et sur quel critère ?’, j’avais identifié des critères généraux : la profondeur de champ, la performance en faible luminosité, le zoom et le flash. Cet article parlait aussi de la nécessité toute spécifique des smartphones à utiliser un grand angle ; mais en 2014, tous les Lumia proposent un objectif de ce type, ce qui n’en fait plus un critère de comparaison suffisant.
Cette année, l’arrivée des nouveaux autofocus et l’amélioration (promise) de la vitesse de capture obligent à rajouter un critère ‘Vitesse’ pour mieux comparer les appareils de la gamme Lumia saison 30. J’ai aussi réalisé une note évaluant la qualité de l’objectif, et qui reprend un assemblage de plusieurs critères physiques cités plus haut.
Voici donc un tableau récapitulatif des qualités photographiques des Lumia saison 30 (j’ai rajouté les Lumia 1020 et 925 pour mieux comparer) :
Au fait : pour préparer cet article, j’ai réalisé le même tableau pour des smartphones concurrents, afin de mieux évaluer leurs progrès. Comme déjà dit plus haut, la concurrence a vraiment haussé le ton cette année. En se contentant encore d’une comparaison uniquement basée sur les aspects physiques des appareils photos, certains modèles de haut de gamme concurrents promettent de rivaliser avec les PureView. Par là je veux dire qu’ils sont maintenant à peu près au même niveau que le Lumia 930 sur ces critères, alors qu’il y a un an, les meilleurs étaient au niveau du Lumia 720. En 2014, les bons photophones concurrents sont les flagships d’une marque californienne, d’une marque taïwanaise et d’une marque japonaise. Tous les coréens restent à la ramasse.