La gamme Nokia Lumia a bientôt deux ans. Les Lumia 710 et 800 ont laissé la place à plus de dix modèles (en comptant les possibles modèles supplémentaires qui seront annoncés sous peu). Cette gamme apparait parfois pléthorique, mais elle obéit à une stratégie classique dans le monde des hautes technologies, et que Nokia avait déjà utilisée dans le passé sous Symbian : le Tick Tock.
Qu’est-ce que le Tick Tock ?
Le principe du Tick Tock est assez simple. Beaucoup l’ont attribué à Intel dans les années 2000, mais c’est surtout du bon sens dès que l’on s’adresse à un marché en rapide croissance tel que la haute technologie. Pour chaque génération de produit, la marque lance des produits Tick, qui intègrent les changements de hardware et ne modifient guère le design, et des produits Tock dont le design ou quelques fonctionnalités changent, et qui améliorent le hardware à la marge. Cela permet aux équipes d’ingénieurs de travailler en décalé sur des durées plus longues (par exemple un an) tandis que la marque sort des produits plus souvent (six mois dans cet exemple). Souvent, les produits Tick permettent d’affirmer l’avancée technique d’une marque, de relancer les ventes ; de leur côté les produits Tock sont souvent moins chers à produire et permettent une amélioration des marges. De plus, les produits Tock permettent souvent de s’adapter rapidement en cas d’évolution rapide du marché dans une direction non prévue.
La gamme Lumia et le Tick Tock
Les premiers signes de Tick Tock sont apparus sur la fin de la gamme Lumia sous WP 7.8 : les Lumia 510 et 505 étaient des versions simplifiées du Lumia 610, avec un aspect plus “cheap”, mais la base hardware restait la même (processeur d’application Qualcomm à 800MHz, 256Mo de RAM, Modem 3G+, etc.) ; on peut aussi considérer que le Lumia 900 et son écran plat entouré d’un joint correspondait aussi à cela.
Mais les premiers Lumia qui montrent la maitrise du Tick Tock par Nokia sont arrivés cette année. Alors que le Lumia 920 était annoncé comme “Le smartphone le plus avancée au monde” et proposait en effet de très nombreuses innovations, nous avons vu arriver les Lumia 925 et 1020, qui sont plus fin, moins lourds et proposent une amélioration de l’appareil photo. Le Lumia 925 a de plus inauguré un nouveau design, aujourd’hui encore unique dans la gamme Lumia. L’argument coût est aussi valable pour ces appareils, malgré la présence d’éléments uniques et liés à leur statut haut de gamme (aluminium, appareil PureView, etc.) : en effet, la base électronique de ces deux appareils reste très similaire à celle du 920, et n’a donc pas demandé des efforts énormes d’intégration. Les Lumia 1020 et 925 sont des appareils dont le coût de développement a donc été plus faible que le 920. Cela permet d’ailleurs de lancer le 1020 et son appareil photo hors du commun à un prix “raisonnable” presque similaire à celui du Lumia 920 à sa sortie, et toujours inférieur à tout smartphone haut de gamme du pommier.
Un autre exemple d’application de la stratégie du Tick Tock est le lumia 625. Alors que le marché demande des écrans de plus en plus grand même en entrée de gamme (il se vend plus de phablettes en Asie du Sud-Est que de tablettes et de smartphones), le précédent Lumia entrée de gamme, le 620, présentait le plus petit écran de toute la gamme. De plus, la mise en service du LTE (4G) dans de nombreux pays au deuxième semestre 2013 montrait qu’il y avait un vide d’offre pour les téléphones 4G à un prix abordable. Nokia a donc utilisée la stratégie du Tick Tock pour lancer rapidement un Lumia adapté à ces opportunités à moindre cout : le 625. Bien que beaucoup plus grand que son frère, le Lumia 625 a gardé le langage design du Lumia 620, mais il est plus fin, et autorise la radio FM.
La désynchronisation des Ticks et des Tocks
Il est aussi un point qu’il est bon de préciser quant à l’application de cette stratégie par Nokia : Nokia a désynchronisé ses Tick Tock haut de gamme et entrée de gamme : ils ont en effet environ un trimestre d’écart. Cela permet de mieux mettre en avant les produits haut de gamme, et de ne pas diluer la compréhension de l’avancée technologique de ces derniers. Aussi, en lançant les produits d’entrée de gamme plus tard (souvent au premier semestre), Nokia évite la pression des f6etes de fin d’année pour ces modèles, qui nécessitent souvent plus de bouche à oreille que les modèles haut de gamme. Ainsi, Nokia peut lancer au moins un Lumia par trimestre, ce qui lui permet de rester toujours présent dans les boutiques avec un modèle récent.
Cette désynchronisation permet aussi aux équipes de marketing de travailler en alternance sur la promotion des Lumia haut de gamme puis des Lumia entrée de gamme.
Voici une synthèse de l’histoire des produits Lumia vue par le biais de la stratégie Tick Tock, depuis la sortie des Nokia Lumia 710 et Lumia 800.
Conclusion
La stratégie du Tick Tock permet de réduire les coûts de développement et d’assemblage des smartphones, et il semblerait que Nokia l’ai bien compris. Cette méthode a aussi un avantage pour le consommateur : elle permet de réaliser des produits pour des consommateurs divers. Par exemple, un amateur de nouvelles technologies se portera sans doute plus facilement sur les téléphones sortant dans une période Tick, tandis que ceux qui préfèrent des appareils plus matures dans leur gestion de la technologie, et plus adaptés aux tendances design du moment iront plutôt vers les appareils de la période Tock.
Et vous ? Êtes-vous plutôt Tick ou plutôt Tock ? Pensez-vous que cette stratégie soit adaptée au marché des smartphones ?
Source: http://is.gd/NokiaTICKTOCK